14 - 5 - 2022
La Villa Al Qamar
En 2021, l’Institut français du Liban lance la Villa Al Qamar, programme de résidences artistiques ancrées dans le territoire, basé à l’Institut français de Deir El Qamar. La Villa Al Qamar a pour objectif de renforcer le dialogue interculturel entre la France et le Liban.
Soutenue par l’Institut français Paris, la Villa est située au sein de l’antenne de l’Institut français du Liban à Deir El Qamar, dans les murs d’un ancien caravansérail et de l’ancienne synagogue attenante, dans le village historique de Deir El Qamar, au cœur de la région montagneuse du Chouf.. En 2021 la Villa Al Qamar a accueilli trois projets de résidence qui ont été l’occasion d’échanges, de rencontres et de créations avec les habitants et les acteurs locaux du Chouf.
Pour sa deuxième édition, la Villa Al Qamar a lancé un appel à candidatures en octobre 2021 pour des résidences en 2022 à destination d’artistes français en solo, ou en duo avec des artistes libanais. En 2022, la Villa accueillera trois nouveaux lauréats qui seront invités à développer des projets de création en lien avec le territoire libanais et du Chouf, en prise avec les problématiques sociales et politiques actuelles. Les lauréats seront appelés à nouer des relations de travail avec les milieux artistiques, universitaires et culturels du Liban et du Chouf et à développer des dispositifs de médiation à destination des publics locaux. Pour ce faire, ils pourront s’appuyer sur l’équipe de l’antenne de Deir El Qamar et les collaborations nouées avec les réseaux professionnels de l’Institut français du Liban.
La Villa Al Qamar prend en charge le transport international, la mise à disposition des espaces de travail de l’Institut français de Deir El Qamar, une allocation de résidence mensuelle couvrant le logement, le transport, et un cachet pour la production de la sortie de résidence et de dispositif de médiation envers le public.
Annonce des projets lauréats
Pour l’année 2022, 102 dossiers ont été envoyés ce qui est un signal fort de l’intérêt que suscite le Liban pour les scènes artistiques françaises et libanaises. La commission de sélection des lauréats de la deuxième édition du programme de Résidence de recherche et de création de la Villa Al Qamar a eu lieu le 23 février dernier. Après avoir procédé à l’examen des 70 dossiers éligibles, la commission a retenu collégialement les trois dossiers lauréats pour des résidences de 1 à 3 mois à la Villa Al Qamar en 2021 :
- Sixtine DE THE, projet photographique « Quelque chose qui noire », sur la pénombre et les transformations individuelles et collectives engendrées par les pénuries d’électricité.
- Frédérique CHAUVEAUX, Jana SALEH, « Eanay/Habibi », un projet d’installation vidéo et sonore autour du rapport au mariage au Liban aujourd’hui.
- Laurent GONGORA, « Propagations », projet d’installations participatives dans l’espace public.
La première résidence aura lieu à partir de mai 2022 et les suivantes s’enchaineront jusqu’à décembre 2022.
La commission de sélection
La commission de sélection du programme de résidence a fait appel à plusieurs experts des scènes culturelles et artistiques libanaises et françaises.
Experts extérieurs :
- Amanda Abi Khalil, fondatrice de Temporary Art Platform
- Clémence Cottard, historienne de la photographie et ancienne directrice de la Fondation Arabe pour l’Image
- Eric Deniaud et Aurélien Zouki, directeurs artistiques du Collectif Kahraba et de Hammana Artist House
- Mia Habis, co-directrice de Maqamat, association pour la danse contemporaine au Liban
- Julie Ferrif, responsable des programmes de résidence de l'Institut français (Paris)
Pour l’Ambassade de France et l’Institut français du Liban
- Bénédicte Vigner, Attachée culturelle auprès de l’Ambassade de France au Liban
- Zara Fournier, Directrice déléguée de l’Institut français du Liban à Deir El Qamar
Dossier de presse I descriptif des projets
Quelque chose qui noire
Biographie
– Née en France en 1991 , Sixtine de Thé vit et travaille à Paris. Avant d'entrer aux Beaux-Arts de Paris (ENSBA) en 2016, elle étudie l'histoire de l'art et de littérature à l'École Normale Supérieure (Ulm). Ses recherches la mènent d'abord à New York, puis à Beyrouth, où elle est également danseuse dans une compagnie syrienne. Aux Beaux-Arts, elle rentre dans les ateliers d'Éric Poitevin et d'Angelica Mesiti, et y développe un travail multidisciplinaire à travers la photographie mais aussi l'écriture, le son et la vidéo. Sa recherche s'exprime comme une cartographie sensorielle du visible et de l'invisible, où des thèmes comme le corps, le visage et le territoire sont prépondérants. Souvent à la limite de la disparition, ses pièces tentent de répondre à la question : que reste-t-il ?
Résumé Quelque chose qui noire
« Quelque chose qui noire » est un projet de photographie documentaire sur la pénombre née des pannes d’électricité́ dans le Liban d’aujourd’hui. Il cherche à saisir ce qu’implique une perte de substance généralisée dans un pays en faillite, contrepied à la vision habituelle d’un pays connu pour la beauté de sa lumière. Ce projet se pense comme le portrait d’un territoire à partir d’une couleur, le noir, en déclinant ses nuances afin de saisir la longueur des nuits sans électricité́, la violence des coupures - la tombée de la nuit, la nuit noire, l’aube, les autres sources de lumière qui viennent pallier à celle de l’électricité. Ce portrait embrassera plusieurs échelles allant du portrait intime au panorama et tentera de saisir ce que dit et tait cette pénombre, quelles angoisses se réveillent quand on ne peut plus rallumer la lumière. ©Sixtine De Thé
Eanay/Habibi – Frédérique Chauveaux et Jana Saleh
Biographie
Issue du milieu de la danse, Frédérique Chauveaux expérimente depuis 1998 un nouveau champ artistique : la vidéo. Ce medium lui permet de poser sous un nouveau jour son regard sur le corps qui en devient tout naturellement l’objet-sujet principal. Progressivement elle ambitionne de s'affranchir de "l'écran" et se plait à imaginer des installations vidéo par lesquelles elle cherche à impliquer physiquement et sensuellement le spectateur en le plaçant au cœur de l'œuvre. Le corps et son rapport à l’espace ou à l’objet demeure au centre de ses préoccupations. Il est la source à partir de laquelle rayonne l’ensemble de son travail.
Jana Saleh
est une musicienne, artiste sonore et productrice libanaise. Après une licence en composition de films et musique du Berklee College of music, elle a passé 10 ans à New York à explorer différentes scènes musicales et à tourner aux EtatsUnis avec le duo d’electro acoustique formé avec son collaborateur de longue date, dr. Richard Boulanger. Elle est revenue à Beyrouth en 2009 pour ouvrir sa propre maison de production dédiée aux artistes libanais émergents. Le studio et la maison de Jana ont été détruits le 4 août 2020 par l’explosion qui a ravagé la capitale libanaise. Depuis, ses efforts, comme ceux de nombreux artistes demeurés à Beyrouth, se concentrent autour du maintien de la scène artistique libanaise.
Résumé Eanay/Habibi
Qu’en est-il de la réalité au-delà de l'acmé que représente la cérémonie du mariage ? Pourquoi se marier aujourd'hui, est-ce un choix libre ou bien dicté par la tradition ? Peut-on vivre une vie de femme assumée et épanouie hors de cette institution ? Pour tenter d’apporter une réponse à ces questions, nous irons à la rencontre de jeunes et moins jeunes femmes qui projettent de se marier ou le sont déjà, dans le Chouf ou à Beyrouth. L’œuvre consistera en une installation vidéo conçue par Frédérique Chauveaux enrichie d’un environnement sonore, conçu par Jana Saleh autour des témoignages recueillis. Au cœur de celle-ci, il y aura la mise en espace d'une ou plusieurs robes de mariées agrémentées de leurs voiles qui deviendront les supports à la projection d’images vidéographiques réalisées au cours de la résidence, avec la collaboration d’une ou plusieurs danseuses issues de la scène artistique Libanaise.
©Lonely bride, Frédérique Chauveaux
Propagations – Laurent Gongora
Biographie
Né en 1978, Laurent Gongora est plasticien. Diplômé en 2007 de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, il est depuis résident au 6b à Saint-Denis. Artiste de l’intervention, son travail se caractérise par une approche transversale entre art environnemental et détournement du réel. C’est le rapport au réel entre nature et artifice, entre vrai et faux qui l’intéresse. Qu’il s’agisse de redessiner la silhouette d’une montagne, de transformer des feuilles en plumes, ou encore de disposer une chorale de coucous suisses dans un bosquet, les choses du quotidien sont son terrain de jeu. Jeu de construction, jeu de dupes et autres faux-semblants.
Résumé Propagations
Le projet part d’un paradoxe : entre l’intérêt d’un site remarquable pour ses cédraies et sa biodiversité et une situation socio-politique tendue, sur laquelle il m’apparait impossible de faire l’impasse. Cette crise implique de tout tenter pour rebondir. Le projet d’installations participatives s’inscrit à la croisée du commissariat et de la création artistique et se veut questionner ce point de tensions, en s’inspirant de l’histoire des lieux et de l’actualité des femmes et hommes qui y vivent. Le premier temps de la résidence sera le théâtre d’échanges entre les personnes impliquées dans le processus de gestation du projet. L’idée de témoignage et de transmission est importante à ce stade. Dans un second temps une proposition d’installations dans la réserve du Chouf découlera de ces échanges et impliquera les protagonistes dans la mise en forme et en jeu de l’œuvre, tout en valorisant les moyens du bord. Cette œuvre ancrée dans la réalité aura pour ambition d’allier une forte charge symbolique à un usage réel. ©Laurent Gongora